Dans un avis publié récemment, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande la poursuite de la vaccination contre le cancer du col de l’utérus. L’association réunionnaise Méd’Océan, qui dénonce des «conflits d’intérêt », juge cet avis « irrecevable ».
L’efficacité de la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV), responsable du cancer du col de l’utérus, avait été mise en doute par un collectif de médecins, parmi lesquels les praticiens réunionnais réunis au sein de l’association Méd’Océan.
Mais «il n’existe aucune donnée actuelle susceptible de remettre en cause l’efficacité de ces vaccins » (le Gardasil, de Sanofi-Pasteur-MSD, et le Cervarix, de GlaxoSmithKline), conclut le HCSP, dans un avis daté du 21 octobre mis en ligne récemment.
Le HCSP avait été saisi de la question en septembre dernier par le ministère de la Santé. Dans son avis, qui s’appuie sur un rapport d’un groupe de travail du Comité technique des vaccinations, il relève que « le suivi des effets secondaires notifiés dans les suites d’une vaccination HPV n’a révélé à ce jour aucun signal de pharmacovigilance » et qu’«il n’existe actuellement aucune donnée suggérant un caractère potentiellement délétère du vaccin dans certaines catégories de la population, en particulier de risque de survenue de cancer chez des femmes préalablement infectées.»
En conséquence, le HCSP recommande « la poursuite (...) de la vaccination contre les papillomavirus des jeunes filles âgées de 14 ans et le rattrapage jusqu’à l’âge de 23 ans chez les femmes n’ayant pas d’activité sexuelle ou l’ayant initiée depuis moins de un an. » Cette vaccination, précise-t-il, « peut être effectuée indifféremment avec l’un ou l’autre des deux vaccins existants. »
Dans son avis, le HCSP souhaite aussi « la généralisation rapide du système de dépistage organisé selon les recommandations de la HAS» (Haute autorité de santé). Dépistage qui repose sur le frottis.
Prenant acte de l’avis du HCSP, le Dr Philippe de Chazournes, président de Méd’Océan, vient d’envoyer au ministre de la Santé Xavier Bertrand une lettre dans laquelle il dénonce « les conflits d’intérêt de certains experts qui ont retravaillé sur ce sujet ».
« Etonnamment, ces conflits d’intérêt dont certains sont majeurs (rémunération par Sanofi- Pasteur-MSD), et pas seulement pour une seule personne, n’apparaissent pas dans le rapport du Haut conseil de la santé publique », relève le praticien réunionnais. « Cet avis du 21 octobre 2011 nous semble donc encore une fois irrecevable.»
« Notre seul but était d’informer la population médicale et non médicale, explique le Dr de Chazournes. Personne ne pourra plus dire désormais ne pas être au courant. J’incite les prescripteurs à faire signer (par) les parents des jeunes filles qu’ils vont vacciner, un consentement éclairé afin de ne pas risquer dans quelques années de se voir accusés d’avoir pratiqué la vaccination avec le Gardasil, comme certains ont tenté de le faire pour le Médiator.»
L’argumentaire des opposants à la vaccination est contenu dans une vidéo consultable en ligne sur le site www.medocean.re
Télécharger l'article dans sa version originale paru le jeudi 08/12/2011 dans le Quotidien de la réunion
Publié dans
HPV et Vaccin Gardasil
Dernier de Dr Philippe de Chazournes
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